Article Des chasseurs sachant tracer – Terres de Chasse Le Figaro
BEAU LIVRE Richement illustré,
« Terres de chasse» déroule dix-sept récits à travers le monde. lire comme une ode å la nature sauvage.
MORCEAU CHOISI Francoise Dargent – fdargent@lefigaro.fr
Faut-il savoir tenir un fusil pour apprécier un livre qui parle de chasse ? Feu sur Ies idées reçues, Ia réponse est non. Mais avouons-le d’emblée, on entre dedans à reculons, sans faire trop de bruit parce qu’en ces temps troublés pour les carnivores, le rouge aux joues pourrait signaler une offense. Cyril Hofstein, journaliste au Figaro Magazine, et Jean-Christophe Marmara, photographe au Figaro, ont rassemblé dix-sept récits de chasse dans ce beau livre qui peut se lire comme une ode à la nature sauvage. Ca commence toujours un peu de Ia même manière, très tôt, dans une ambiance de premier matin du monde. Ca se passe en Haute-Marne, dans les Pyrénées, en Écosse et exceptionnellement au Mozambique ou au Burkina Faso. Qu’importe I’endroit, Ia majeure partie de Ia journée s’étire souvent à attendre. Pas très exaltant, diront Ies néophytes mais å lire ces deux-là, on se rend vite compte que l’attente est chez le chasseur ce qui permet d’apaiser nombre de tempêtes intérieures et de faire voler l’imagination à défaut de voir s’envoler les canards sauvages.
Émotion de passionnés.
Alors comme le duo guettant le faisan ou Ie cerf, on commence à goûter à ce qui entoure ce cérémonial et prêter une oreille attentive à ces histoires qui sont autant celles d’animaux que celles d’hommes. Un châtelain qui plaque tout pour devenir «professionnal hunter» en Afrique où il s’agit de pouvoir différencier L’espèce protégée de celle qui nécessite d’être prélevée, ou un Finlandais, fin limier, qui fut longtemps le seul chasseur professionnel de son pays.
Bien sûr, nous sommes en pays maniaque où les conversations tournent autour d’épineuses questions comme celle de savoir si Ie meilleur chien bécassier est le springer ou le setter. Un pays où on ne fait pas la fine bouche de bon matin pour la terrine de faisan. Est-cela qui fait que l’on pourra ensuite ne pas prendre une poule faisane pour une bécasse ? On apprendra en passant que si le dodo a disparu à l’île Maurice, trucidé par les premiers colons européens qui y débarquèrent, le faisan fait toujours le Bonheur des chasseurs et Ie grand tétras se chasse entre autres en Russie. Tout cela est dit en images et à mots choisis avec un souci constant de transmettre l’émotion qui anime ces passionnés.
Touché!
Terres de chasse, de Cyril Hofsteln et Jean—Christophe Marmara, Éditions du Gerfaut, 190 p., 35 €
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